Sportifs de haut niveau et managers : pas seulement une rencontre en salle d’entraînement !

Compétition, concurrent, stratégie, challenge, motivation, collectif… Les mots qui résonnent dans le monde de l’entreprise ont un écho dans celui du sport. Ces deux univers se rejoignent au-delà du vocabulaire et cela n’a rien à voir avec l’installation de plus en plus fréquente d’une salle de sport dans les locaux de l’entreprise pour une remise en forme des salariés. C’est à partir du constat de leur recherche commune de la performance dans un environnement compétitif que s’est imposée une réflexion au sujet des leviers humains permettant accomplissement et réussite.

Le malaise palpable lié à un univers devenu anxiogène pour les managers, à force d’une pression chaque jour plus intense dans des marchés souvent hostiles, a mis en lumière la nécessité d’apporter aux leaders des clés pour renforcer leur structure mentale. L’analyse des pratiques des athlètes conduit aujourd’hui à prendre comme modèle leurs qualités intrinsèques et à en faire des instruments de performance autant que de management.

Il n’est donc pas étonnant que, dans ces conditions, l’entreprise veuille élargir sa réflexion managériale en s’inspirant des méthodes et des valeurs du sport de haut niveau. Cette source potentielle d’amélioration qui date d’il y a quelques années revêt actuellement une réalité qui dépasse l’idée de performance en y adjoignant un but fédérateur et la notion de réalisation personnelle.

La résistance au stress, la résilience, la détermination, le contrôle de soi, l’analyse positive de l’échec, toutes ces capacités et bien d’autres ont une origine commune : la gestion des émotions.

 

Sentir, ressentir et faire face, la gestion des émotions pour performer

Si les émotions ont longtemps été le domaine de la sphère privée, le sportif sait qu’il lui faut les maîtriser pour performer. C’est en cela qu’il peut se poser en modèle, car la prise en compte de ses émotions fait largement partie de son programme d’entraînement. L’entreprise ouvre aujourd’hui ses portes à leur gestion. Le contrôle de soi qui consistait pour le manager à minimiser l’importance de ses émotions est devenu contre-productif dans l’exercice de son leadership. C’est désormais sa capacité à analyser et à comprendre ses émotions pour les utiliser qui est reconnue comme un moteur stimulant pour lui-même et pour le groupe qu’il dirige. Cette introspection est non seulement un préalable pour pouvoir anticiper ses émotions et s’y préparer pour les maîtriser, mais elle permet également de comprendre celles de l’autre pour davantage d’empathie envers un collègue ou une meilleure détection des failles d’un adversaire.

La mise en action de la performance passe par les phases d’identification, d’acceptation puis de gestion des émotions. Les neurobiologistes ont montré l’importance des émotions dans la prise de décision. Or, décider vite et bien correspond à ce qu’on attend d’un sportif de haut niveau autant que d’un leader en entreprise !

 

Viser le juste milieu émotionnel

John McEnroe et Björn Borg, deux monstres sacrés du tennis. Tout aussi performants l’un que l’autre. 14 rencontres en quatre ans, 7 victoires chacun. Deux joueurs cependant différents dans leur style tennistique comme dans leur gestion des émotions. Le feu contre la glace. L’Américain, le roi du service-volée, était connu pour ses colères explosives. Cela lui a fait perdre certains matches, avoua -t-il. Iceborg, tel que fut surnommé le Suédois, ne laissait rien paraître. Il avait appris à tout intérioriser. Il arrêta sa carrière a seulement 26 ans. Il avait été premier. Être second ne l’intéressait pas, mais il était aussi épuisé par la pression intériorisée qu’il s’imposait et que lui infligeait l’extérieur.

Tenter de bloquer toute émotion est à long terme illusoire. L’émotion est porteuse d’un message qui se conscientise. S’il est ignoré, il revient avec davantage de force et finit par submerger. La pression chez les hommes et femmes en position de direction dans des entreprises, non reconnue et non gérée, peut conduire à différents symptômes psychosomatiques, voire au burnout ou à la dépression.

L’anxiété, la colère, la joie, la surprise, tous les compétiteurs, qu’ils soient sportifs ou leaders dans une entreprise connaissent ces émotions. Elles font partie intégrante de chaque personne qui recherche la performance. Ce sont elles qui font agir, comme nous le rappelle l’étymologie du mot « émotion » qui vient du latin emovere, signifiant « bouger en dehors », « mettre en mouvement ». Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que movere a aussi donné « motivation » …

 

Quand l’intelligence émotionnelle est recherchée

Le concept d’intelligence émotionnelle est apparu en 1990 grâce à deux universitaires américains Peter Salovey et John Mayer. C’est la disposition à contrôler ses émotions et percevoir celles des autres, à les discriminer et à utiliser cette information pour guider son comportement. Elle repose sur la conscience de soi, qui conduit à la maîtrise de soi, à la motivation, à l’empathie et aux aptitudes sociales. Cette capacité à gérer les émotions est dorénavant recherchée chez ceux qui deviendront potentiellement des dirigeants d’entreprise. Cette notion qui permet aux sportifs de haut niveau de mobiliser leurs capacités physiques et mentales a fait évoluer l’analyse du leadership du manager basée sur l’expérience, la méthode, le savoir-faire vers la prise en compte désormais du quotient émotionnel.

L’intelligence émotionnelle semble ainsi être devenue une valeur sûre des leaders de demain. Pour preuve, le dernier Forum économique mondial a placé l’intelligence émotionnelle parmi les dix compétences essentielles pour développer les qualités nécessaires dans le monde des affaires.

Parmi les valeurs recherchées, d’autres interactions entre sportifs de haut niveau et managers nous interpellent. Nous vous donnons rendez-vous à ce sujet dans notre prochaine newsletter.