Tout projet d’entreprise nécessite d’y croire et de mesurer autant le potentiel de l’activité que les écueils à franchir. Le chemin pour réussir est balisé par les qualités du dirigeant et des managers parmi lesquelles on retrouve la passion, la détermination, la capacité de convaincre, la persévérance, la détermination. Cependant, la réussite dépend aussi essentiellement d’un paramètre indispensable : leur confiance en eux !

Il en va de même de l’exploit sportif rendu possible par le mental d’acier du compétiteur. Pour le Dr. Michael Young, généticien et biologiste américain, c’est la confiance en soi qui fait la différence entre un "bon athlète" et un "athlète d’élite". "La confiance résulte généralement d’une capacité chez les athlètes à anticiper leur succès dans un évènement à venir. Cette aptitude à visualiser la réussite est en réalité l’indicateur le plus significatif de la confiance", précise-t-il. De fait, un niveau de confiance en soi très élevé se retrouve chez au moins 90 % des sportifs de haut niveau, signe d’une aptitude qui apparaît indispensable pour forger un mental de gagnant.

Ainsi, le parallèle entre le succès entrepreneurial et le sport de haut niveau se retrouve dans l’analyse de cet indispensable prérequis, comme il l’est dans bien d’autres compétences partagées entre managers et athlètes.

 

La confiance en soi: une force mentale innée ou un comportement acquis?

Que signifie avoir confiance en soi ? La définition du Larousse en est "l’assurance, la hardiesse, le courage qui vient de la conscience que l’on a de sa valeur, de sa chance". Ceci étant posé, on peut s’interroger pour savoir s’il s’agit d’une qualité innée ou qui s’acquiert, si elle est définitivement établie ou peut au contraire être inconstante.

Alors qu’un entraînement physique acharné est reconnu comme indispensable pour performer, on a longtemps estimé qu’un sportif devait aussi être doté de qualités mentales intrinsèques pour devenir un champion. Aujourd’hui, on appréhende différemment les possibilités d’action pour développer les forces mentales nécessaires à l’accomplissement d’exploits. Le champion de tennis Novak Djokovic, qui affiche une indéfectible confiance en lui, reconnaît que celle-ci résulte d’un travail personnel : "Avant, je me figeais quand je faisais une erreur. Maintenant, j'ai toujours ces flashes de doute, mais je sais les gérer : je reconnais mes pensées négatives et je les laisse filer, pour me concentrer sur l'instant présent. Cette pleine présence m'aide à gérer la douleur et mes émotions. Cela me permet de me focaliser sur ce qui est vraiment important."

Ce qui ressort de l’étude du psychisme des champions, c’est la certitude qu’ils ont de leur capacité à réussir qu’ils adjoignent aux moyens qu’ils se donnent pour y parvenir. Il serait aisé de supposer qu’ils ont naturellement une haute perception d’eux-mêmes que rien n’ébranle ; mais, dans la réalité, ce degré de certitude n’est rendu possible que par le travail, l’entraînement, l’apprentissage et aussi l’analyse des réussites et des échecs.

La reconnaissance de ses faiblesses est paradoxalement un des constituants de la force mentale d’un individu. C’est au travers de la connaissance de soi-même, et de la prise de conscience de ses peurs que l’individu peut faire émerger et instituer la confiance nécessaire aux défis qu’il veut relever. Yannick Noah le résume dans une formule-choc : "Nos limites n’existent que dans nos craintes", laquelle corrobore celle du boxeur Sugar Ray Robinson qui affirmait que "les seuls murs vraiment impénétrables sont ceux dont on s’entoure soi-même". Comme ces sportifs de haut niveau, les managers doivent pouvoir compter en toutes situations sur leurs ressources intérieures en s’affranchissant de limites "auto-fixées" qui peuvent les inhiber.

La confiance en soi, tout autant nécessaire aux hauts potentiels en entreprise qu’aux champions, implique donc la connaissance de soi et la sincérité de cette prise de conscience. Elle diffère en cela de l’estime de soi, celle-ci étant le sentiment sur soi par rapport à ses propres valeurs alors que, ainsi que le définit le psychologue Jean Garneau, la confiance en soi repose sur "l’évaluation réaliste et ponctuelle qu’on a les ressources nécessaires pour affronter une situation particulière".

 

La confiance en soi: une qualité des managers que possèdent les athlètes

Tout athlète qui devient un champion possède et développe la capacité mentale que constitue la confiance en soi. Capable de s’en persuader et de visualiser par 3 anticipation sa performance, il puise dans cette certitude la détermination nécessaire pour parfaire sa condition physique. Pour un sportif, croire en soi et en son potentiel est essentiel. Cela lui permet de prendre des risques pour parvenir au but qu’il s’est fixé. Il a ainsi fallu à Tony Parker une solide confiance en lui-même pour décider de changer son shoot en 2003 afin de redevenir performant à un moment difficile de sa carrière internationale de basketteur. Ce faisant, il a dû accepter d’être moins bon durant le temps de cette transformation. Rien de la préparation technique minutieusement travaillée n’aurait été efficace sans l’état d’esprit du joueur. La part mentale a été tout aussi importante que l’entraînement dans la réussite de l’exploit sportif.

Transposer cet état d’esprit à l’entreprise apparaît comme une évidence. Lorsqu’il est doté de confiance en lui, un manager sait réagir aux multiples situations qu’il rencontre dans ses missions d’encadrement. Il sait prendre des décisions rapides et efficaces et se positionner intelligemment face à ses collaborateurs. Il gagne ainsi leur respect et leur adhésion aux objectifs affichés.

Ainsi, s’entraîner pour performer permet de doper la confiance en soi alors que celle-ci est un atout majeur pour réussir en tant que sportif tout autant que manager. Ce cercle vertueux démontre bien que la confiance en soi est en fait la résultante d’un ensemble de facteurs concomitants mis en action. L’éducation, la personnalité, les aléas de chaque histoire personnelle élaborent bien sûr le fondement de ce ressenti, mais le développement des capacités mentales telles que la détermination, la concentration, la résilience, le positivisme abordés dans nos précédents articles édifient les piliers aptes à l’installer et à le faire perdurer.

Une fois ainsi établie pour soi, la confiance peut se tourner vers les autres où elle est un élément essentiel du « travailler ensemble » que cherche à promouvoir tout dirigeant d’entreprise.

 

Avoir confiance en soi pour donner confiance

Le langage non verbal qui représente plus de 90 % de la communication permet intuitivement de s’assurer — ou pas — de la confiance en soi de son interlocuteur. Le nageur américain, Gary Hall, dix fois médaillé olympique, affirme que : "Quand vous arrivez sur le bord de la piscine, vous pouvez déjà éliminer trois adversaires. Pas parce qu’ils sont de moins bons nageurs, mais parce que vous voyez sur leur visage qu’ils ne sont pas prêts à gagner". Il est en effet impossible de donner une 4 représentation artificielle de sa force mentale, car celle-ci repose sur un élément clé : l’honnêteté de sa rencontre avec soi-même.

C’est d’ailleurs cette même sincérité qui prévaut à la réussite des échanges entre individus et rend possible la confiance. Dans son livre L’Élément humain : Estime de soi, productivité et résultat d’exploitation, le chercheur et scientifique américain Wil Schutz définit la sincérité comme l’attente primordiale des salariés dans l’entreprise, celle-ci étant la clé de voûte de la perception de la force mentale de leur manager.

Tout comme pour le sportif, un manque de cette confiance chez le manager, est un frein à la concrétisation des objectifs communs même si tous les autres paramètres sont au rendez-vous. Ce manque peut aussi entraîner des problèmes relationnels en se dissimulant sous de l’arrogance facilement interprétée comme de la suffisance, voire du mépris. Au contraire, le développement de cette force mentale crée un sentiment de sécurité pour les équipes, permettant de mettre en place les conditions de performances durables collectives et individuelles.

Le premier devoir, pour un manager est donc d’avoir accompli, et de continuer à accomplir, un travail personnel d’introspection et d’acceptation pour avoir cette connaissance de lui-même et ce faisant, la confiance en lui qui lui permettra de gagner celle de ses collaborateurs. Au-delà du fait que cette part mentale galvanise le manager, elle va lui donner aussi la capacité à avoir confiance dans ses équipes. Cette présomption se retrouve résumée par Paul de Gondi, cardinal de Retz, dans ses Mémoires : "Un homme qui ne se fie pas à soi-même ne se fie véritablement à personne".

On pourra conclure cet article sur l’importance de la confiance en soi chez les performers, qu’ils soient sportifs ou managers en entreprise, par ces mots de l’entraîneur et joueur de tennis Stan Smith : "l’expérience vous dit quoi faire, la confiance vous permet de le faire".